Dans le territoire de Walungu, et plus précisément à Ngweshe, la déforestation s’intensifie à un rythme inquiétant. Derrière les arbres qui tombent, c’est tout un équilibre social, économique et écologique qui vacille. À mesure que les forêts disparaissent, les ressources alimentaires s’amenuisent, accentuant la pauvreté et fragilisant davantage une population déjà en difficulté.
CITO CIBAMBO FERDINAND
Dans le territoire de Walungu, et plus précisément à Ngweshe, la déforestation s’intensifie à un rythme inquiétant. Derrière les arbres qui tombent, c’est tout un équilibre social, économique et écologique qui vacille. À mesure que les forêts disparaissent, les ressources alimentaires s’amenuisent, accentuant la pauvreté et fragilisant davantage une population déjà en difficulté.
À Ngweshe, les habitants sont confrontés à une réalité de plus en plus dure : les légumes, en particulier les carottes autrefois cultivées localement, deviennent rares. Le chef du quartier, Karhikaguma, tire la sonnette d’alarme. « Depuis que l’abattage des arbres a pris de l’ampleur, nous avons constaté une baisse dramatique dans la production de légumes. Nos terres s’appauvrissent, nos récoltes diminuent. »
Une forêt menacée: l'équilibre social et écologique à l'épreuve
Ce phénomène n’est pas isolé. Il reflète une spirale où les habitants, par nécessité, exploitent les dernières ressources forestières pour survivre. Mais ce choix de court terme entraîne des conséquences durables.
Dans un contexte de crise économique locale, l’abattage des arbres est souvent perçu comme la seule activité génératrice de revenus. « C’est le seul commerce qui nous reste », confie Mudusi, un habitant du village. Le bois est vendu ou transformé en charbon, permettant à certaines familles de subvenir temporairement à leurs besoins.
Mais ce commerce de subsistance a un coût élevé : l’écosystème est gravement perturbé. La disparition progressive de la couverture forestière contribue à la dégradation des sols, à la baisse de la fertilité agricole et à l’érosion, rendant encore plus difficile la culture des légumes.
Cette raréfaction des légumes entraîne une détérioration rapide de la sécurité alimentaire. Les familles ont de plus en plus de mal à accéder à une alimentation équilibrée. Les cas de malnutrition, en particulier chez les enfants, se multiplient. Le manque d’accès aux soins médicaux ne fait qu’aggraver cette situation déjà alarmante.
Impact direct sur la sécurité alimentaire et la santé
Dans la province du Nord-Kivu, plus de 6,7 millions de personnes sont en insécurité alimentaire grave, une hausse de 10 % en un an .
« Nos enfants tombent malades plus souvent, et nous n’avons ni moyens ni centres de santé pour les soigner correctement », témoigne une mère de famille.
Face à ce constat, des voix s’élèvent pour encourager un changement de cap. Le chef Karhikaguma plaide pour une réorientation des activités économiques vers des pratiques plus durables. Il évoque l’agriculture écologique, la permaculture, la reforestation et même l’agroforesterie comme pistes viables.
« Il est temps de rompre ce cycle de destruction. Il existe des solutions qui peuvent nous permettre de vivre dignement sans détruire notre environnement », affirme-t-il avec espoir.
Des initiatives naissante mais insuffisantes
Des ONG locales et certains leaders communautaires commencent à promouvoir ces alternatives à travers des formations et des projets pilotes. Mais ces initiatives restent encore limitées et nécessitent un accompagnement fort des autorités locales, régionales et internationales.
L’exemple de Ngweshe est révélateur des tensions qui pèsent sur de nombreuses communautés rurales à travers le Congo et l’Afrique. La lutte contre la déforestation ne peut être dissociée de la lutte contre la pauvreté. Sensibiliser, former, soutenir économiquement les populations locales est essentiel pour éviter que les forêts ne disparaissent complètement.
L’organisation Réseau des Agronomes Passionnés du Développement (RAPD ASBL) est l’une des organisations qui encadrent les agroforestiers et les agriculteurs dans Nyangezi, Ngweshe et certaines parties de Walungu.
En somme, préserver l’environnement tout en assurant la sécurité alimentaire et la dignité des populations : tel est l’enjeu. Il est encore temps d’agir, mais chaque jour compte.
Hélène kibukila Patricia