Nichées entre les collines verdoyantes et les vastes étendues d’eau douce du Sud-Kivu, les zones humides de cette région de l'est de la République démocratique du Congo (RDC) sont un patrimoine naturel aussi riche que fragile. Pourtant, ces écosystèmes vitaux, qui abritent une biodiversité exceptionnelle et régulent les ressources en eau, subissent une pression croissante due à l’activité humaine. Dans les milieux urbains, péri-urbains et paysans, le zones humides, havres de biodiversité exceptionnels, remplissent également de nombreuses fonctions indispensables pour tous les êtres vivants ... quand elles sont en bonne santé.
CITO CIBAMBO FERDINAND
Nichées entre les collines verdoyantes et les vastes étendues d’eau douce du Sud-Kivu, les zones humides de cette région de l'est de la République démocratique du Congo (RDC) sont un patrimoine naturel aussi riche que fragile. Pourtant, ces écosystèmes vitaux, qui abritent une biodiversité exceptionnelle et régulent les ressources en eau, subissent une pression croissante due à l’activité humaine.
Dans les milieux urbains, péri-urbains et paysans, le zones humides, havres de biodiversité exceptionnels, remplissent également de nombreuses fonctions indispensables pour tous les êtres vivants ... quand elles sont en bonne santé.
Malgré cela, les zones humides font partie des écosystèmes les plus menacés sur Terre et continuent de disparaître à un rythme alarmant, estimé 3 fois plus rapide que la déforestation, la pollution et le manque d’entrerien, comme le souligne Baltazar Mugisho, un environnementaliste à Bukavu. Pourtant, les zones humides, proches des Hommes depuis des temps immémoriaux, sont aussi la clé pour assurer leur avenir. C’est pour toutes ces raisons que le thème de la Journée mondiale des zones humides 2025 nous invite, tous ensemble, à Protéger les zones humides pour notre avenir commun, afin d’assurer le bien-être de tous maintenant et pour les générations futures.
Dans son adresse du 17 janvier 2025, Joseph Nyuma Boakai, Président du Liberia a annoncé que l'objectif des célébrations de la Journée mondiale des zones humides est d’attirer l’attention des pays et de la communauté internationale sur l’importance des zones humides pour la subsistance des populations, comme avec la pêche, la riziculture et la culture de légumes, ainsi que pour les déplacements, le tourisme, la protection des eaux souterraines et l’approvisionnement en eau. Les zones humides sont par ailleurs vitales pour nous de nombreuses autres façons. Elles abritent une diversité d’espèces vivantes, protègent nos côtes, s’érigent en remparts naturels contre les inondations et stockent le carbone pour réguler le changement climatique
Un rôle écologique essentiel
Les zones humides du Sud-Kivu, notamment celles bordant le lac Kivu, les rivières urbains et péri-urbains, des marais, des cours d’eau et les marécages environnants, jouent un rôle fondamental dans la préservation de l’équilibre environnemental. Elles agissent comme des filtres naturels, purifiant l’eau et limitant l’érosion des sols. De plus, elles servent de refuge à une faune et une flore variées, incluant des espèces menacées comme certaines espèces de poissons endémiques et d’oiseaux migrateurs.
« Ces espaces sont une véritable bouffée d’oxygène pour la région, mais ils sont en danger », alerte Jean-Baptiste Kashindi, biologiste et membre d’une ONG locale dédiée à la protection de l’environnement.
Les zones humides font partie des écosystèmes les plus détruits de la planète. En 50 ans, l’étendue des zones humides a diminué de 35 % dans le monde. Un rythme 3 fois plus élevé que la déforestation. En France sur la même période, ce sont 67 % des zones humides qui ont disparus, si nous croyons aux statistiques présentées par zoneshumides.org. Cette disparition s’accompagne d’une dégradation généralisée de l’état des zones humides sous l’effet de nombreux facteurs : artificialisation des sols, intensification de l’agriculture et déprise agricole, drainage, prélèvements d’eau, pollution, espèces exotiques envahissantes.
L’agriculture intensive, l’urbanisation croissante et l’exploitation abusive des ressources naturelles mettent en péril ces zones humides. À Bukavu, par exemple, la pression démographique pousse de nombreux habitants à assécher des marécages pour y construire des habitations ou cultiver des denrées alimentaires.
De plus, la pollution due aux déchets plastiques et aux rejets domestiques affecte gravement la qualité de l’eau, mettant en péril la vie aquatique. « Il est urgent d’agir, car si nous détruisons ces zones, nous compromettons non seulement notre biodiversité, mais aussi notre accès à l’eau potable et à une agriculture durable », insiste Kashindi.
Pour convaincre le plus grand nombre de l’intérêt de préserver les zones humides, il est bon de rappeler les nombreux services qu’elles nous rendent chaque jour. Le rapport parlementaire Terres d’eau, terres d’avenir (2019) liste 7 vertus des zones humides
- Réservoirs de biodiversité
- Auto-épuration des eaux, contribution majeure à la santé publique
- Atténuation des effets du changement climatique sur le cycle de l’eau
- Approvisionnement et productions alimentaires
- Tourisme, loisirs et activités économiques d’accueil
- Contribution à la lutte contre le réchauffement climatique
- Aménités paysagères, contributrices au bien-être quotidien
Vers une prise de conscience et des solutions durables
Face à cette situation alarmante, des initiatives locales tentent de freiner la dégradation des zones humides. Des associations environnementales sensibilisent les communautés à l’importance de ces écosystèmes et promeuvent des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement.
Le gouvernement provincial, en collaboration avec des ONG internationales, envisage également des mesures de protection, notamment la création de réserves naturelles et la régulation des activités humaines dans ces milieux sensibles.
« Nous devons conjuguer conservation et développement durable. Protéger nos zones humides, c’est garantir un avenir plus sûr aux générations futures », conclut Kashindi.
Pour Mme Musonda Mumba, Secrétaire générale de la Convention sur les zones humides, la Journée mondiale des zones humides 2025 en appelle à la collaboration et à la prévoyance pour construire un avenir où tous ensemble, où que nous soyons, nous pourrons bénéficier des services vitaux que nous offrent les zones humides. Valoriser et protéger les zones humides aujourd’hui – en nous inspirant les uns les autres dans cet effort commun – c’est mieux assurer notre avenir et notre bien-être communs. https://www.worldwetlandsday.org/fr/story/-/detail/dr-musonda-mumba-secretary-general-of-the-convention-on-wetlands?redirect=/fr/
De sa part, Son Excellence Dr E. D. Mnangagwa, President de la république du Zimbabwe pense qu’à l’approche de la Journée mondiale des zones humides 2025 qui aura pour thème « Protéger les zones humides pour notre avenir commun », nous reconnaissons le rôle vital des zones humides dans le maintien de la biodiversité, la résilience climatique et la sécurité de l’eau. En pleine préparation de la COP15, il est temps de réaffirmer notre engagement envers la protection de ces écosystèmes essentiels. Les zones humides ne sont pas qu’une ressource naturelle — elles sont à la base même de notre avenir commun. Protégeons et restaurons-les ensemble afin que leurs bénéfices perdurent pour les générations futures.
Bref, malgré les menaces pesant sur ces écosystèmes, l’engagement croissant des scientifiques, des écologistes et des populations locales laisse entrevoir une lueur d’espoir. Mais il est crucial que cette mobilisation s’accompagne d’actions concrètes et d’un véritable soutien politique. Les zones humides du Sud-Kivu sont bien plus qu’un simple élément du paysage. Elles sont un rempart contre le changement climatique, une source de vie et un héritage commun qu’il est impératif de préserver.
CITO CIBAMBO Ferdinand, Journaliste de la Biodiversité