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bassin du Congo biodiversité

A la découverte des grandes fôrets du Bassin du Congo

Par - CITO CIBAMBO FERDINAND 25 May, 2024 5 Min
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Le Bassin du congo, une autre merveille du monde...

Cito Cibambo Ferdinand, Ambassadeur Climat (Réseau Espace Climat) et Journaliste environnemental 

CITO CIBAMBO FERDINAND

Le bassin du Congo constitue l’un des plus importants massifs de forêt tropicale continue qui demeurent sur la planète. Cette région est plus grande que l’État de l’Alaska et se hisse au rang de deuxième plus grande forêt pluviale de la planète derrière l’Amazonie.

Mosaïque de forêts, de savanes, de marécages, de rivières et de forêts inondées, le bassin du Congo déborde de vie. On y trouve environ 10 000 espèces de plantes tropicales, dont 30 % sont uniques à la région. Les espèces menacées, comme les éléphants de forêt, les chimpanzés, les bonobos et les gorilles de plaine et montagne peuplent ces forêts luxuriantes. Au total plus de 400 espèces de mammifères, 1 000 espèces d’oiseaux et 700 espèces de poissons ont trouvé refuge dans la zone.

Depuis plus de 50 000 ans, le bassin du Congo fournit nourriture, eau et abri à plus de 75 millions de personnes. Près de 150 groupes ethniques distincts cohabitent parmi lesquels des habitants de la région de Ba'Aka, représentants les plus célèbres d’un ancien style de vie de chasseurs-cueilleurs dont le mode de vie et le bien-être sont intimement liés à la forêt.

Localisation

Le bassin du Congo s’étend sur six pays : le Cameroun, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, la République du Congo, la Guinée équatoriale et le Gabon

Superficie

Environ 3,7 millions de km² (plus que les surfaces de l’Inde et de la France réunies) Les écosystèmes forestiers du Bassin du Congo couvrent une superficie de près de 301 millions d’hectares sur 530 millions d’ha de terre, comprenant environ 70 % de la couverture forestière de l’Afrique (Plus de 99% des terres boisées sont des forêts primaires ou régénérées naturellement), et 46% sont des forêts denses de plaine (de basse altitude) (1, 2, 4, 5) comprenant tous les types de forêts qu’on retrouve en Afrique centrale dans des pays membres de l’espace COMIFAC- CEEAC suivant, l’Angola, le Burundi, le Cameroun, le Gabon et la Guinée équatoriale, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, la République du Congo, le Rwanda, São Tomé et Príncipe, le Tchad et quelque « petites » zones au Nigeria, Uganda. Ces écosystèmes se hissent au rang du deuxième plus grand massif de forêts denses tropicales au monde après l’Amazonie. Les écosystèmes forestiers du Bassin du Congo sont situés en Afrique centrale d’une superficie de 6 613 000 km2 (13).

Tropical, chaud et humide. Les précipitations varient selon les zones du bassin et sont souvent imprévisibles

En termes de conservation de la biodiversité́ exceptionnelle et les plus importants de la planète

Abritant 1 espèce sur 5 de toutes les espèces vivant sur notre planète, en particulier la diversité des espèces de primates, la région est l'un des plus importants centres de biodiversité du monde. Cette biodiversité se singularise tant par son importance considérable que par la diversité de ses espèces florales et fauniques qui n’existent nulle part ailleurs sur la planète. Ainsi, ces écosystèmes sont ainsi un creuset fantastique réservoir de biodiversité, abritant l'assemblage le plus diversifié de plantes et d'animaux endémiques et emblématiques en Afrique, y compris 20 000 espèces de plantes (dont 8000 sont endémiques), 1 300 espèces d'oiseaux, 336 espèces d'amphibiens, 400 espèces de reptiles et 400 espèces de mammifères (dont 10% sont endémiques) dont une bonne partie est classée, catégorie de la Liste rouge de l'UICN. L’Afrique centrale abrite également la plus grande population d'éléphants de forêt et du chimpanzé, couvre la quasi-totalité de l'aire de répartition du gorille des plaines occidentales, de montagnes et de Bonobo, l’okapi, le bongo, la genette aquatique, de nombreuses espèces de petits primates et d’antilopes sont également exclusives à ces forêts et peuplent ces forêts luxuriantes. Seize espèces d'oiseaux et 23 espèces de mammifères, les gorilles et autres grands singes, sont considérées comme menacées, en danger ou en danger critique d'extinction, bien que ces chiffres puissent être beaucoup plus élevés. Plus de 200 espèces animales, nouvelles pour la science, ont été décrites dans la région depuis 2000 et il en reste d'autres à "découvrir" (3, 6, 8).

En termes de stockage de carbone - Régulation du climat mondial et de tourbière unique

Les forêts jouent un rôle prépondérant dans la régulation du climat, la séquestration du carbone et essentielles pour atténuer et amortir les (effets du) changement climatique. Des estimations récentes suggèrent que le bassin du Congo séquestre plus de 60 milliards de tonnes métriques de carbone, plus que toutes les forêts tropicales d'Amazonie et d'Asie réunies, révèle une étude récente (14). La récente publication de la première carte spatialement explicite des tourbières de la Cuvette Centrale révèle qu'il s'agit du plus vaste complexe de tourbières tropicales, d'environ 145 500 km2, dans lequel on estime à 30,6 Pg le carbone stocké (30% du CO2) avec 30 milliards de tonnes de carbone contenu dans son sous-sol d'espaces marécageux équivalent à : six ans d’émissions mondiales liées aux énergies fossiles, ou à vingt années des émissions des États-Unis liées aux énergies fossiles (1, 9, 10).

En termes de Population, culture, tradition riche et diversifiée

Une centaine de millions de personnes y vivent dans ce bassin grand comme l’Inde et le Paraguay réunis, et soutiennent les moyens de subsistance de plus de 85 millions de personnes (populations locales et autochtones). La région du bassin du Congo est l'une des régions les plus diversifiées sur le plan ethnique, avec plus de 250 groupes ethniques vivant dans la région. La diversité des groupes ethniques présente ses propres défis en termes droits de l’homme, de gestion des forêts et des terres : Ces groupes ethniques distincts cohabitent et vivent dans des zones rurales, dont la plupart dépendent directement des ressources forestières telles que les PFNL, la viande de brousse, le bois. Parmi ces populations, sont des groupes telque les Ba'Aka, représentants les plus célèbres d’un ancien style de vie de chasseurs-cueilleurs dont le mode de vie et le bien-être sont intimement liés à la forêt, de même que les groupes : Ba’ kwele, and Mbomban. Ces groupes ethniques dépendent des ressources naturelles locales pour la nourriture, la santé nutritionnelle et les besoins de subsistance et contribuent aussi à alimenter les 40 millions de personnes qui vivent dans les centres urbains proches de ces domaines forestiers (8, 9).

En termes d’importance économique, les forêts assurent un rôle essentiel dans les économies nationales et locales.

Ces forêts permettent la création d’emplois directs et indirects, apporte et redistribue des richesses le long des filières, contribue au renflouement de l’assiette fiscale et de bien d’autres manières. Ils fournissent également de nombreux biens et services écosystémiques qui concourent à la régularisation de nombreuses fonctions vitales pour la planète tout entière. En termes de PIB, il se situe entre 4 et 7% du PIB, hors pétrole avec environ 44 millions d'hectares de forêts sous concession (environ 8,3 pour cent de la superficie totale des terres) (1, 8), contribue de manière significative à l’emploi et aux recettes fiscales. La chasse fournit généralement entre 30 et 80 % des protéines consommées par les familles vivant dans les forêts du bassin du Congo. Dans le cas du Cameroun, par exemple, la viande de brousse représente une valeur économique estimée à 80 milliards de francs CFA (environ 122 millions d'euros) par an (8). Ces écosystèmes sont des atouts de taille, car l’Afrique centrale est riche en ressources naturelles (forêts, biodiversité́, minéraux, pétrole, terres rares, des terres arables …).

UN ESPACE FRAGILISÉ PAR L’INGÉRENCE HUMAINE

Le bassin du Congo regorge de ressources naturelles comme le bois, les diamants et le pétrole, mais les volumes et méthodes actuelles d’extraction de ces ressources ne sont pas viables et menacent l’avenir de la région. En outre, la chasse et le trafic d’espèces sauvages menacent d’anéantir plusieurs espèces.

Déforestation

La demande en bois de chauffage et en charbon de bois a stimulé la déforestation dans le parc national des Virunga, de même que les plantations d’huile de palme et autres exploitations agricoles commerciales constituent une menace croissante pour les forêts et rivières de la région.

Exploitation des ressources

Le bassin du Congo est riche en bois, en pétrole et en minéraux tels que les diamants, l’or et le coltan (utilisé dans les téléphones portables). Une portion importante et croissante du bassin est accordée aux concessions détenues par les sociétés minières et forestières. Ces activités provoquent plusieurs conséquences indirectes (installations de nouveaux habitants qui exploitent les ressources de la forêt pour vivre (viande de brousse, bois de chauffage, construction d’infrastructures de transport…) qui mettent en péril les écosystèmes.

Trafic illégal d’espèces

La principale cause de l'extinction d’espèces sauvages dans le bassin du Congo est le commerce de la viande de brousse, stimulé par un marché en croissance constante. Cette activité lucrative vide la forêt de certaines espèces à une vitesse alarmante. Si les singes et les antilopes sont des cibles courantes, d’autres espèces cependant protégées comme les gorilles et les bonobos sont aussi visées. De la même façon, la demande internationale en ivoire encourage l’abattage des éléphants, conduisant à des extinctions locales et au risque d’éliminer complètement l'espèce.

Avec WWF

 

CITO CIBAMBO FERDINAND

Licencié en philosophie à l'UOB, Master en politique territoriale de développement durable et stratégies d'entreprise à l'UDDAC, Formé en journalisme environnemental à l'Université Bilingue du Congo, Ambassadeur Climat, Journaliste de la biodiversité, Coordonnateur de projets.