Depuis une décenie, le parc national de Kahuzi-Biega fait face à plusieurs menaces mettant en danger la sécurité de la biodiversité. Les conflits armés autour et dans le parc ne laissent pas les Gorilles de Montagne et leur population mener une vie aisée dans son environnement. Nous nous sommes posé des questions sur le braconnage de cette espèce.
CITO CIBAMBO FERDINAND
En République démocratique du Congo, les états de lieu de la biodiversité montrant une tendance non négligeable en raison de la richesse qu’ils présentent. Les Parcs nationaux jouent une importance capitale dans la sauvegarde de la biodiversité. A l’Est de la RDC, deux parcs nationaux attirent l’attention du tourisme au niveau international et la curiosité es chercheurs et environnementalistes. Cela, à cause de leur spécialité notamment la présence des Gorilles de montagne se trouvent principalement dans deux grands parcs nationaux :
Le premier est le Parc national des Virunga : Situé à l'est de la RDC, ce parc fait partie de la chaîne des montagnes des Virunga, à la frontière avec le Rwanda et l'Ouganda. Le parc national des Virunga est l'un des plus anciens parcs d'Afrique (créé en 1925) et abrite une population importante de gorilles de montagne, notamment dans la région de Mikeno. Le parc est également célèbre pour sa biodiversité, comprenant des forêts tropicales, des volcans et des lacs.
Le second est le Parc national de Kahuzi-Biega : Ce parc se trouve également à l'est de la RDC, à proximité de la ville de Bukavu et du lac Kivu. Bien qu'il soit plus connu pour les gorilles de plaine de l'est, le parc de Kahuzi-Biega abrite aussi des gorilles de montagne, bien que leur population soit plus petite par rapport aux Virunga.
Ces deux parcs jouent un rôle essentiel dans la protection des gorilles de montagne, une espèce en danger critique d'extinction, notamment à cause de la déforestation, des conflits armés et du braconnage.
Les gorilles de Montagne et leur population
Dans le Parc national des Virunga
La population mondiale de gorilles de montagne réside spécifiquement dans le massif des Virunga et la forêt de Bwindi, qui couvrent ensemble des parties de la RDC, de l’Ouganda et du Rwanda. En RDC, la partie Est est la seule orientation pour retrouver cette espèce recherchée au niveau internationale. Les forêts de montagne protégées du Parc National des Virunga abritent plus d’un tiers de la population mondiale et ont vu naître six nouveaux gorilles rien qu’en 2022.
Environ 350 des 1,075 gorilles de montagne sauvages du monde vivent dans les montagnes des Virunga, riches en ressources, dont l’exploitation menace l’existence même de l’espèce. Bien moins abondant et plus beau que n’importe quelle matière première, ce majestueux grand singe est le véritable trésor de la RDC, selon les indications du site officiel des Virunga.
Selon DescNature, les récentes statistiques du rapport de Collaboration transfrontalière du Grand Virunga (GVTC), publiées le lundi 16 décembre à Kampala en Ouganda, renseignent que le nombre de gorilles de montagne du paysage Virunga ( entre la RDC, le Rwanda et l’Ouganda) est désormais passé de 1 004 à 1 063 individus.
Autrefois, le recensement des populations de gorilles a été mené entre mai 2018 jusqu’au deuxième semestre 2019 dans la réserve de Sarambwe, en RDC, et le Parc de Bwindi, en Ouganda.
Au niveau de cette aire de 340 kilomètres carrés de superficie, englobant la réserve naturelle de Sarambwe, territoire de Rutshuru en RDC et le Parc national impénétrable de Bwindi, en Ouganda, les recenseurs ont identifié 459 individus des gorilles contre les 400 individus recensés en 2011, selon la même source.
Les recenseurs notent que ces gorilles sont répartis dans au moins 50 groupes ou familles. On dénombre 604 autres individus des gorilles localisés dans le bloc Mikeno, du Parc national des Virunga en RDC, et le Parc des Volcans du Rwanda.
Le Parc national de Kahuzi Biega
Situé à cheval sur le Rift Albertin et le Bassin du Congo, le Parc national de Kahuzi-Biega est un habitat exceptionnel pour la protection de la forêt tropicale humide et des gorilles des plaines de l’Est, Gorilla berengei graueri. Couvrant 600 000 ha, on y trouve des forêts denses humides tropicales de basse altitude ainsi que des forêts afro-montagnardes mélangées avec des forêts de bambou et quelques petites superficies de prairies subalpines et de bruyères sur les monts Kahuzi (3 308 m) et Biega (2 790 m).
Le Parc national de Kahuzi-Biega, dans l’Est de la République démocratique du Congo abrite à ce jour 3815 gorilles des plaines (Gorilles de Grauer)recensés à l’issue d’une récente étude menée par la Wildlife Conservation Society (WCS). Cette étude effectuée dans les forêts d’Oku et dans les hauts plateaux du Parc de Kahuzi-Biega fait renaître l’espoir pour ces primates classées sur la liste rouge d’espèces en voie d’extinction.
Le Parc national de Kahuzi-Biega abrite désormais plus de 60% de la population mondiale des gorilles des plaines estimée à au moins 6 800 individus soit une forte augmentation par rapport à une précédente estimation mondiale de 3 800 individus.
Le braconnage, une forte menace
Selon PPI, Les menaces principales pour cette région, ravagée par les guerres au cours des années 90, sont la chasse/braconnage et l’exploitation artisanale et illégale du bois et des minerais, qui détruisent l’habitat et les populations d’espèces phares (gorilles, éléphants, etc.).
De 2020 à 2023, la population des gorilles de montagne augment dans un contexte des menaces qui pèsent sur l’évolution de cette espèce. Depuis une disaine d’années, les sonnettes d’alarme sonnent, exprimant plusieurs sortes de menaces qui pèsent déjà sur les gorilles. On signale le braconage, la déforestation, les maladies, les conflits armées.
Menacée par le braconnage, la déforestation, les infections transmises par les humains et les guerres civiles, la population de gorilles avait chuté dramatiquement. Ce déclin a pu être enrayé par des stratégies de conservation actives, associant suivi permanent et surveillance vétérinaire, traitement des maladies respiratoires et suppression des pièges destinés à des animaux de plus petite taille (dans lesquels tombent les bébés gorilles). «Les secteurs du PNKB sont menacés par différentes activités humaines dont principalement le braconnage, l’agriculture, et l’exploitation minière artisanale. Différentes raisons peuvent être mises à contribution, dont la dépendance de la population sur les ressources naturelles, la situation sécuritaire qui empêche les écogardes d’accéder à certains sites, les migrations motivées par l’extraction des ressources naturelles du parc, etc», selon Une étude menée par Wildlife Conservation Society, Institut Congolais Pour La Conservation De La Nature Et Le Centre De Recherche En Sciences Naturelles De Lwiro en 2018.
Le braconnage des gorilles dans le parc national de Kahuzi-Biega, situé à l'est de la République Démocratique du Congo (RDC), est une menace sérieuse pour la survie de ces grands primates, notamment les gorilles de plaine de l'Est (ou gorilles de Grauer), qui sont les espèces dominantes dans cette région.
Contexte du braconnage dans le Kahuzi-Biega: motivations, facteurs, conséquences, défis et opportunités
Certains Facteurs ont aggravé le braconnage de cette espèce. On peut citer l’instabilité politique et les conflits armés : La région autour du parc de Kahuzi-Biega est souvent le théâtre de conflits armés, ce qui affaiblit la surveillance et permet aux groupes armés de se livrer au braconnage pour financer leurs activités. Ces groupes occupent parfois des zones protégées et exploitent les ressources, y compris la faune sauvage. L’on trouve également la pauvreté et la pression économique : Les communautés locales vivant dans des conditions économiques précaires sont parfois contraintes de braconner ou de participer indirectement à ces activités pour survivre.
Parmi autant de conséquences du braconnage sur les gorilles de Kahuzi-Biega nous pouvons dire que : premièrement, la population de gorilles de plaine de l'Est a considérablement diminué au cours des dernières décennies. Une étude réalisée dans le nord du Congo a estimé qu’entre 5 et 7% des populations de gorilles et de chimpanzés sont braconnés chaque année (Bowen-Jones & Pendry 1999). En 1995, on estimait la population de gorilles de Grauer à environ 17 000 individus dans l'est de la RDC. Aujourd'hui, ce nombre est descendu à moins de 6 800 individus, selon les statistiques plus haut présentées. Deuxièmement, dans certaines zones du parc de Kahuzi-Biega, des groupes entiers de gorilles ont été décimés, entraînant une baisse drastique de la diversité génétique de l'espèce.
Le braconnage pour la consommation de viande de brousse a deux effets secondaires. Premièrement, de nombreux jeunes primates, en particulier des chimpanzés, se retrouvent orphelins. Certains meurent, d’autres finissent comme animaux de compagnie et quelquesuns se retrouvent dans des sanctuaires comme Lwiro (Cox et al. 2000; Goossens et al. 2003). Deuxièmement, les gorilles et les chimpanzés peuvent se retrouver pris à des pièges destinés à d’autres animaux comme les antilopes et être gravement blessés, perdre un membre voire mourir de gangrène ou de septicémie. De nombreux gorilles et chimpanzés survivent avec des blessures handicapantes (Byrne & Stokes 2002; Reynolds 2006).»
Malgré les opportunités que ce patrimoine mondiale offre aux communautés locales et internationales, les conflits armés restent récurrents autour du parc et mettant en danger l’éclosion de la biodiversité. L'insécurité dans la région limite les efforts de conservation. Les rangers sont souvent confrontés à des menaces directes, et les braconniers exploitent la faiblesse des contrôles. En outre, le manque de financement peut restraindre les actions de protection des espèces des écosystèmes du parc. Bien que plusieurs initiatives existent pour protéger le parc et ses gorilles, les fonds pour financer les opérations anti-braconnage et les programmes de développement durable restent insuffisants.
Le braconnage continue d'être une menace sérieuse pour les gorilles du parc de Kahuzi-Biega. Bien que des progrès aient été réalisés dans la lutte contre cette pratique, la combinaison de facteurs économiques, sociaux et politiques rend la situation difficile à gérer. Des efforts concertés et un soutien international sont nécessaires pour renforcer la protection de ces espèces emblématiques et préserver leur habitat.
CITO CIBAMBO Ferdinand (Journaliste environnementaliste, Ambassadeur Climat, Chercheur)